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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/824

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nuit que l’avant-veille, et Martel n’aurait point pu venir soupirer sans danger sous les fenêtres de Lucienne.

Il y avait des sentinelles apostées derrière les buissons. Quelques minutes après la première attaque, on aurait pu voir trois ou quatre cadavres de Loups couchés sur la plate-bande, à l’endroit même où Hervé Gastel avait franchi, l’autre soir, le mur du jardin donnant sur le parc.

Il régnait maintenant au delà de ce mur un profond silence.

La lune, descendant à l’horizon, glissait lentement parmi de petits nuages floconneux et grisâtres. Aux faibles lueurs qu’elle envoyait, on ne voyait plus apparaître au faîte de la muraille ces grandes ombres noires qui, tout à l’heure, étaient tombées sous les balles des sentinelles.

Les Loups s’étaient retirés peut-être, peut-être tenaient-ils conseil au dehors.

En cas d’une nouvelle attaque, les chances des assiégeants étaient bien diminuées. Les défenseurs du château se trouvaient maintenant en nombre dans le jardin. C’était une troupe hardie et bien armée, qui eût donné de la besogne à des assaillants plus redoutables que les Loups.

Le vieux veneur avait disposé ses gens en général habile. Tous les postes indiqués par la disposition des allées, étaient occupés, et désormais il y avait de quoi foudroyer cent hommes essayant d’escalader la muraille. Mais tel n’était plus le plan des Carhoat.

On entendit bientôt des coups de hache retentir sur la petite porte du parc.

— Attention ! dit le vieux de Presmes.

es coups de hache redoublèrent, et la porte brisée tomba en dedans.

Les Loups se ruèrent tumultueusement dans le jardin en poussant des hurlements sauvages.

— Feu ! cria M. de Presmes.

Tous les buissons s’éclairèrent à la fois, et une décharge générale ébranla les vitres du château.

Quelques Loups tombèrent ; mais l’élan était donné ; ils poussèrent leur pointe vers le perron, où une petite escouade de domestiques et de piqueurs était échelonnée pour les recevoir.

La mêlée s’engagea furieuse.

M. le chevalier de Briant voyait tout cela de la fenêtre de sa chambre et ne s’inquiétait point de porter secours à ses complices.

Il avait son idée ; le moment lui sembla merveilleusement choisi pour la mettre a exécution.

Il descendit dans la cour de Presmes et ordonna au gros Yvon de sellrt son cheval.

Yvon entendait les coups de fusil et trépignait d’impatience de pouvoir prendre part à la lutte.

Il sella le cheval de Kérizat et l’attacha, sur son ordre, en dehors de la grille.

— Ça chauffe, là-bas ? demanda-t-il.