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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/13

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velles, des nouvelles ordinaires possibles, vraisemblables.

Il allait, venait, rendait ses comptes et se conduisait comme un chrétien.

Maintenant qu’il avait eu cette étrange fortune de succéder au feu comte de Pardaillan, malgré tant de gens placés entre lui et cet héritage, les choses n’étaient plus ainsi.

La vie de maître Pol, devenu grand seigneur, était tellement bizarre, que le doute jaillissait des esprits les plus crédules.

Et pourtant, le doute avait tort, chacun savait bien cela, et dame Honorée mieux que personne, puisqu’elle connaissait Éliane, sa nièce, un cœur d’or, une vertu pure comme le diamant.

Éliane s’était retirée, toute jeune et toute belle qu’elle était, vivant comme une recluse, malgré son titre de comtesse qui l’eût si aisément appelée à la cour ; Éliane s’était donnée tout entière à un dur, à un lugubre devoir.

Et si bizarre, nous répétons le mot, que fût la situation de l’homme à qui elle avait voué sa vie, cette situation était nettement, surabondamment constatée par des témoignages indubitables et par la grave assertion d’un homme de l’art.

Maître Mathieu Barnabi, parti de très bas pour arriver au sommet de la science, d’abord chimiste juré, puis médecin de feue la reine-mère, et honorable et discrète personne, Renaud de Saint-Venant, conseiller près le Parlement de Paris, ami d’enfance de l’infortuné comte, étaient les deux seuls étrangers qui eussent accès au château.