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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/14

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Maître Mathieu Barnabi avait fourni et signé sa déclaration, portant que le comte de Pardaillan, frappé de folie au moment même où Dieu lui avait donné la grande fortune dont il jouissait et le noble nom qu’il portait, restait depuis lors incapable de vivre la vie commune.

Item que sa folie, d’espèce particulière, avait pour symptôme unique la crainte, l’horreur de ses semblables, lui laissant à tous autres égards l’usage de sa haute et solide raison : ce pourquoi, ses affaires, menées par lui-même, au moyen de madame la comtesse sa femme, continuaient à être faites et bien faites.

Item que cette folie, quelle que fût sa source, s’était manifestée au premier moment par des exaltations furieuses et dangereuses pour les tiers, autant que pour lui-même, et qu’à sa première heure lucide il avait demandé, il avait exigé de ne plus voir que sa bien-aimée femme Éliane, comtesse de Pardaillan, laquelle il reconnaissait toujours, au milieu même de ses plus furieux accès.

Item qu’il avait fallu se conformer à ce vouloir, tant pour conserver la vie dudit comte de Pardaillan que pour épargner l’existence des étrangers et même de ses serviteurs : la vue d’un être humain quelconque, autre que madame Éliane, maître Mathieu Barnabi, soussigné, et le sieur conseiller de Saint-Venant pouvait porter ledit malheureux comte aux dernières extrémités contre lui-même et ses semblables.

Cette déclaration de maître Mathieu Barnabi, mise en circulation quinze ans auparavant, n’a-