Aller au contenu

Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Eh bien, reprit la servante, c’est grand dommage s’il arrive malheur, car ce sont deux galants cavaliers. L’autre, le petit page de l’hôtel de Vendôme, est venu avant le lever du soleil.

— Roger ! pensa Mélise.

— Ce n’est pas moi qui écouterais aux portes, demoiselle, mais on peut entendre sans le vouloir. Le page de l’hôtel de Vendôme était bien en colère. Il a dit : « On vous a rencontré avec elle hier dans les corridors de l’hôtel… »

C’était vrai, Mélise le savait. Au moment où la porte basse donnant sur le clos Pardaillan s’était ouverte, la veille, comme par miracle, offrant une issue à Gaëtan, entouré d’ennemis, Mélise s’était élancée avec lui et avait refermé la porte à travers laquelle tous deux avaient pu entendre les « hélas ! » de dame Honorée et les jurons des soudards désappointés.

Mélise et Gaëtan avaient cherché en vain la main mystérieuse qui avait offert au chevalier cette planche de salut inespérée. Les corridors étaient déserts. Seulement, en gagnant la partie de l’hôtel où était situé le logis de Mitraille, ils avaient rencontré des pages et laquais, et l’un d’eux avait ri en prononçant le nom de maître Roger.

Si bien que le soir, maître Roger, charitablement averti de cette circonstance, et depuis longtemps inquiet des allées et venues de ce chevalier Gaëtan autour de sa belle, avait fait à Mélise une terrible scène de jalousie terminée comme toutes les scènes du même genre par ces mots :

— Je le tuerai !