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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/189

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La chose terrible, c’est que le chevalier Gaëtan, pas plus que Mélise elle-même, ne pouvait fournir d’explication à Roger furieux. Il y avait là un secret qui ne leur appartenait point.

Mélise eut peur et oublia pour un instant tous ses autres sujets d’inquiétude.

— Où sont-ils allés ? s’écria-t-elle.

— Sur le pré, c’est sûr, répondit la servante. Ils ont pris tous deux par les derrières de l’hôtel, comme s’ils voulaient gagner le chemin des Porcherons.

Mélise voulut s’élancer dans cette direction.

— Attendez, demoiselle, dit la servante. À quelque chose malheur est bon, voyez-vous. À peine étaient-ils partis, qu’il est venu des soldats de la Meilleraie pour arrêter le pauvre chevalier.

— Et don Estéban ne sait rien de tout cela ! s’écria Mélise.

— Don Estéban ! répéta la grosse fille. C’est bien une autre paire de manches ! Il y a des mousquetaires du roi, là-haut, dans sa chambre, et des archers de M. le grand prévôt plein le corridor. Don Estéban n’appartient pas à la maison du marquis de Villaréal ; ils disent que c’est un bandit des Pyrénées, et il paraît qu’il s’est introduit hier au Palais-Royal, déguisé en montreur de lanterne magique, pour assassiner le roi !