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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/201

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— Ma mère, dit Pola, vous ne m’avez pas encore donné de nouvelles de mon respecté père.

— Ton père ? répondit la comtesse dont la voix changea tout à coup. Je veux vous avoir tous deux pour juges : ton frère et toi. Je ne vous cacherai rien. Ne t’ai-je pas dit que je n’avais plus de secret ? Nous sommes sous la protection de la reine. J’attends à chaque instant l’ordre de la reine qui doit élever autour de nous un rempart de sûreté. L’ordre viendra jusqu’ici, car j’ai laissé à mon logis prière de me le faire tenir en l’hôtel de M. de Vendôme, chambre du bon capitaine Mitraille. Mais il tarde bien à rentrer, et si tu savais comme j’ai hâte d’embrasser mon fils !

Mélise se releva. Sa pauvre joue était blanche comme le linge de sa collerette. Elle allait franchir le seuil, lorsqu’elle entendit des pas à l’autre bout du corridor. Le corridor était long et sombre. Elle vit un groupe dans le lointain.

Le groupe s’arrêta sans la voir, et une voix qu’elle crut reconnaître pour celle du conseiller Renaud de Saint-Venant, dit :

— Je n’irai pas plus avant, ma présence pourrait faire naître des soupçons. Le logis de ce Mitraille est l’avant-dernière porte à droite, là-bas. La comtesse y est, j’en ai la certitude, puisque j’arrive de chez elle où elle a laissé avis de l’endroit où l’ordre du roi devait lui être porté. Allez seulement à deux, et ne faites pas mine de vouloir employer la force.

— Et si elle demande l’ordre de Sa Majesté ? interrogea-t-on.