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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/280

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sang. Je n’ai bu que de l’eau claire, ce qui est une condition excellente pour réfléchir avec fruit. Réfléchissons ! Du diable s’il y a seulement un quart d’idée dans ma cervelle ! Pourquoi ce damné conseiller reste-t-il au château ? Dois-je aller prendre les ordres de madame Éliane ? Et s’il arrivait malheur au poste de la grande porte pendant cela ? Sarpejeu, la soif que j’ai ! J’étrangle !

Il redescendit les escaliers la tête basse.

Nous savons que le conseiller Renaud de Saint-Venant avait ses entrées au château de Pardaillan depuis le jour où madame Éliane en avait pris possession. La veuve de Pol de Guezevern avait subi pendant quinze ans la domination de cet homme. Il connaissait parfaitement les corridors, les galeries, les passages secrets de l’immense et féodale demeure.

En quittant Mitraille, il reprit à grands pas le chemin qu’il venait de parcourir, traversa toute une longue suite de chambres inhabitées, et franchit en dernier lieu une porte donnant sur l’escalier en colimaçon qui conduisait à la poterne par où Mélise avait introduit ses trois fameuses épées : Roger, Gaëtan et le More.

Pendant ce voyage, le conseiller avait médité profondément et s’était dit à plusieurs reprises :

— Après tout, je retomberai toujours sur mes pieds, et certainement M. le baron ne pourra se refuser à doubler la somme.

Nous nous souvenons que la poterne s’ouvrait au fond même du ravin, servant de douve, qui séparait le château des bois de Pardaillan.

Renaud enleva les barres à tâtons, réfléchis-