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Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/281

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sant toujours, et fit tourner le massif battant, armé de fer, sur la rouille de ses gonds.

Il faisait encore nuit noire au fond du ravin, mais l’étroite bande de ciel qu’on apercevait entre les arbres et le rempart prenait déjà des teintes irisées.

Renaud approcha de ses lèvres un appeau de braconnier qui rendit à son souffle une note courte et basse.

Quelques secondes s’écoulèrent, puis, dans le silence, un son pareil retentit faiblement au haut de la rampe.

On entendit, sur le rempart, le pas des sentinelles. L’une d’elles s’arrêta dans sa marche et dit :

— Les perdreaux chantent au mois de juillet cette année.

Puis le silence régna de nouveau.

Après une minute, on aurait pu voir un mouvement parmi les broussailles qui tapissaient la rampe, et un caillou, brusquement dérangé, roula au fond du ravin.

— Qui vive ! cria la sentinelle.

Il ne lui fut point répondu.

— Par la mort Dieu ! gronda le soldat, une perdrix ne buterait pas ainsi contre les roches. C’est au moins un lièvre !

Et il épaula son arbalète à chaîne.

Le carreau siffla. Un juron s’étouffa dans les buissons. L’instant d’après, M. le baron de Gondrin était auprès de Saint-Venant, qui le fit entrer par la poterne et referma le battant derrière lui.

— Sang du Christ ! gronda le lieutenant de roi,