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Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/50

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de l’aider et je fais un cas de conscience à tous ceux qui m’aiment d’être mes seconds dans cette bonne œuvre.

La forme blanche avait disparu derrière les arbres de l’avenue.

— Gaston, dit la princesse, il faudra voir M. Récamier pour vos battements de cœur. Je le sens contre mon bras, ce sont de véritables palpitations. Vous m’inquiétez.

M. le baron d’Altenheimer s’était approché de l’archevêque.

— Monseigneur, prononça-t-il avec un respectueux embarras, je ne sais peut-être pas assez bien la langue française pour exprimer des choses très délicates. Je suis riche. Par le canal de Votre Grandeur, me serait-il possible de faire quelque chose pour cette jeune fille qui a l’honneur d’être votre protégée ?

Il sortait en même temps son portefeuille de la poche de son habit. L’archevêque le regarda et lui tendit la main ; c’était pour serrer la sienne, car il murmura :

— Monsieur le baron, vous êtes un homme de cœur !

Mais le baron, feignant de se méprendre, déposa le portefeuille dans la main de l’archevêque, salua jusqu’à terre et se perdit dans la foule des invités.

En arrivant au perron, Mme la princesse s’arrêta tout à coup et dit à son fils :

— Gaston, le mantelet de Mme de Maillé, ma nièce… je crois que je l’ai oublié sur l’herbe !

Le marquis revint aussitôt sur ses pas et retrouva aisément le manteau. Comme il quittait le salon de verdure, il vit à ses pieds un objet brillant et de forme carrée, qui gisait dans l’herbe, à la place occupée naguère par monsignor Bénédict. Il le ramassa pour le rendre à son propriétaire, car il avait reconnu d’un coup d’œil le missel de velours, à surtranches d’acier, du prélat romain.

Tout le monde était entré quand Gaston atteignit le