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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/20

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lait. Je n’ai plus qu’elle à aimer, monsieur Vincent, aussi…

— Aussi, tu vas me renvoyer, père, interrompit la fillette, dont le visage pétillait de spirituelle bonté, je lis cela dans tes yeux. Eh bien ! je vais être obéissante et me sauver toute de suite, si vous voulez me permettre quelque chose, monsieur Vincent et toi. Va, ce n’est pas toi qui feras le plus grand sacrifice. Je veux que Reynier aille au collège et Irène en pension. Est-ce dit ?

Elle s’était levée et ses lèvres roses restaient suspendues au-dessus du front du grand-père.

— C’est dit, répliqua celui-ci.

Parmi la douce pluie de baisers qui tomba sur le crâne du colonel, Fanchette demanda encore :

— Et vous, monsieur Vincent ?

— Oh ! moi, répliqua ce dernier dont les yeux étaient mouillés, si je voyais assurée l’éducation de ces chers enfants…

— C’est promis, dit le colonel avec une visible impatience. Fais monter le café, Minette, et va lire Robinson Crusoé. Si plus tard tu es abandonnée dans une île déserte, c’est toi qui sera contente de savoir comment t’y prendre pour avoir un parapluie en peau de bête !

Fanchette secoua la main de M. Vincent comme un petit homme et disparut.

Le vieillard se renfonça dans son fauteuil, ramena