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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/21

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les manches de sa douillette et tourna ses pouces d’un air méditatif.

— Mon compagnon, demanda-t-il après un silence et de sa voix la plus paisible, que feriez-vous si votre fille, à l’âge de ma Fanchette, aimait un coquin sans foi ni loi ?

— Un coquin ! s’écria Vincent avec une véritable épouvante : aimé de cet adorable enfant ! Mlle Francesca !

Le domestique entra et servit le café.

— J’ai presque, envie de faire un petit extra, dit le colonel en se parlant à lui-même. J’ai dîné comme un loup, je vais tremper un canard dans votre tasse. Allez ! Giampietro, nous n’avons plus besoin de rien.

Le valet se retira.

— Giampietro est un Sicilien, reprit le colonel. Cela veut dire Jean-Pierre, à Catane. À Naples, les Jean sont des Giovan. Mon cocher s’appelle Giovan-Battista. Nous venons tous un peu d’Italie, ici.

Il mit la moitié d’un morceau de sucre dans la fumée qui s’élevait au-dessus de la tasse de Vincent, et répéta :

— Que feriez-vous ?

Vincent hésita.

— Le tueriez-vous, demanda encore le colonel.

La cuiller tomba des mains de Vincent. Le vieillard se mit à rire bonnement.