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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/31

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Le fiacre tournait le coin de l’institut pour entrer dans la rue de Seine.

— Ce bandeau est épais comme la mort, pensa tout haut Carpentier.

— Tant mieux, ma chatte ! Tu as été bien gentil. Maintenant, nous allons te faire un bout de toilette, à cause des passants qui s’étonneraient de voir la tête d’un brave garçon empaquetée comme celle d’une momie. C’est gênant, les passants !

Il déplia le caban qu’il avait apporté sous son bras.

— Passe ta main droite d’abord, dit-il. J’en sue à grosses gouttes, moi, tu sais ! La gauche maintenant. Bon. Je te colle le capuchon, et ni vu ni connu ! S’il y a des curieux, j’en serai quitte pour avouer que tu as été opéré de la cataracte par un des premiers spécialistes de la capitale, et j’ajouterai : Quelle joie quand on lèvera l’appareil et que ce cher ami reverra la lumière !

Le fiacre s’arrêtait devant le passage. Vincent était comme étourdi par ce bizarre babil.

Le colonel descendit assez lestement. Ce n’était plus le même homme, depuis que, grâce au bandeau, il échappait aux regards de son compagnon.

Il paya le cocher et lui dit :

— Mon brave, aidez-moi à déballer mon pauvre diable de fils, qui a pris froid et que j’ai emmailloté de mon mieux. Ce sont les jeunes maintenant qui