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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/389

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passer pour spirites à force d’habileté dans l’art du prestidigitateur ?

Ils vinrent une fois chez nous, ces Américains effrontés ; ils ouvrirent une salle de spectacle où ils se laissaient couvrir de liens serrés, noués, entrelacés : un vrai chef-d’œuvre de garrottage.

Puis, quand ils étaient ainsi cordés, ils appelaient un esprit de Boston et de Bristol, qui traversait l’Océan : leurs liens tombaient. C’étaient vraiment miracle.

Je ne sais pas pourquoi Paris ne voulut pas d’eux.

Eh bien ! l’or est comme ces sorciers, il est spirite, il brise tous liens, il écarte toutes entraves.

La légende des Shetland est vraie : l’or enterré à cent pieds sous terre remonte et revient comme un fantôme.

Malgré le luxe des précautions prises par le Maître, l’or avait transpiré, — l’or avait murmuré son secret à l’oreille de Vincent Carpentier.

Et pendant que le vieux colonel agitait, déménageait l’or petit à petit, — lui-même, — sans confier à personne le mystère de ses nocturnes travaux, une émotion s’était produite autour de lui, comme les fièvres sortent de la terre éventrée.

L’or avait tinté et chanté ; l’or avait répandu dans l’air ses effluves électriques ; on l’avait entendu, on l’avait senti, car au sein même du conseil des Habits-Noirs, une frérie du second degré s’était silencieuse-