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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/429

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curseur de l’orage qui approchait, prit la route en écharpe et souleva une véritable trombe de poussière derrière laquelle le coupé disparut.

Pour Vincent, il ne s’agissait pas de l’orage. Vincent ne vit même pas que ces jolis nuages de l’Est avaient démesurément grandi et que leur ligne de bataille, tranchée nettement sur le bleu du ciel, passait maintenant sur sa tête, empruntant au soleil couchant quelques teintes pourprées qui rendaient plus lugubre la masse entière, sombre et lourde comme une immense calotte de plomb.

Ce à quoi Vincent songeait, c’était au coupé.

Quand le tourbillon de poussière tomba, le coupé avait disparu, ou du moins on ne pouvait plus le distinguer parmi les quatre ou cinq véhicules qui se montraient au lointain rembruni de la route.

Sans réfléchir, Vincent abandonna la grande route et se jeta dans un chemin de traverse qui s’ouvrait sur la gauche.

Sa seule pensée était de ne point suivre la même direction que ce terrible coupé.

Le chemin de traverse qui prenait à moitié route de Paris à Villejuif, tournait le dos au fort de Bicêtre et descendait vers la Seine, coupant l’avenue de Choisy, à la hauteur du Port-à-l’Anglais.

Quelques maisons de pauvre apparence en bordaient l’embouchure, mais au bout de deux ou trois