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de ce bienfaiteur de l’humanité et l’attendrissante cérémonie funéraire qui s’ensuivit.

Nous avons à relater ici seulement certains détails encore inédits qui se lient étroitement à notre présente histoire.

Le lit d’agonie du colonel avait été entouré jusqu’à la fin par les principaux membres de l’association des Habits-Noirs. C’était sa famille. Il avait exercé sur eux pendant les deux tiers d’un siècle cette tyrannie paternelle et gouailleuse que nous avons mise en scène tant de fois dans nos récits.

Quiconque l’avait attaqué était mort. Sa chancelante vieillesse enterrait les jeunes et les robustes.

Ils semblait que sa décrépitude fût éternelle.

Ils étaient là, près de son lit, tous ceux qui devaient lui succéder, comme les lieutenants d’Alexandre partagèrent son empire.

Seulement l’empire d’Alexandre était facile à partager, on n’avait qu’à tailler dans la masse des provinces et des royaumes, tandis qu’ici l’héritage invisible semblait fuir.

On avait sur l’immensité du patrimoine des idées vagues et presque féeriques, mais un seul homme, dans le monde entier, pouvait dire : « En tel lieu, creusez la terre, et vous trouverez le trésor de la Merci. »

Cet homme allait mourir, — et il ne parlait pas.

Allait-il mourir ? Tous ceux qui étaient là avaient