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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/47

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dule qui semblait distante de quelques pas à peine mit en branle sa sonnerie.

Vincent s’arrêta pour écouter. Le timbre frappa neuf heures.

— À minuit, tu feras réveillon, si tu veux, dit le colonel. Nous avons de la viande, du pain et du vin.

Puis, s’interrompant :

— Innocent ! tu te creuses la cervelle ! Tu te demandes où tu as entendu cette voix là ; car les cloches ont une voix comme le monde, et je reconnaîtrais entre mille le carillon de Saint-François-de-Catane. Ma dernière maîtresse demeurait derrière l’église. Il y a de cela soixante ans. Je veux que le diable me caresse, si tu as jamais entendu ma vieille horloge, que j’ai achetée avec le reste des bragas oubliés dans la masure. Elle va bien. Pour plus de sûreté, je la vendrai quand nous aurons fini, ou mieux encore, tiens, je t’en ferai cadeau. Tu dois aimer les curiosités : tu la mettras sur ta cheminée.

Vincent martelait. Le vieillard était gai comme pinson et regardait sauter les petits éclats de pierre.

Toutes les cinq minutes, il atteignait sa tabatière d’or, ornée du portrait de l’empereur de Russie, mais c’était seulement pour en flairer le contenu à distance avec sensualité.

Ainsi faisait-il pour toutes choses. À table, il re-