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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/48

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gardait le vin en savourant la fumée des mets. Vous l’auriez nourri avec le prix du chènevis que mange un petit oiseau en cage.

D’aucun bien que l’argent achète, il ne pouvait jouir.

Et dans ce corps usé, chancelant comme une ruine, vivait une passion terrible. L’argent l’attirait. Il allait à l’argent, avec une fougue plus ardente que celle de l’homme robuste dont l’argent peut satisfaire les désirs puissants, la vaste gourmandise, la soif insatiable.

Il aimait l’or pour l’or, cet être caduc, condamné à l’éternelle abstinence. Ce sont là les grands avares, dont nulle mesure ne peut borner l’insatiable convoitise. Ils prennent l’or comme les vampires sucent le sang, pour le cuver au fond d’un froid cercueil.

On en a vu qui avaient cette préoccupation profonde comme une folie, de garder leur or, même au delà du dernier jour…

Tout en tournant ses pouces minces et secs avec un air de béatitude, le colonel disait :

— Tu travailles bien, je suis content de t’avoir choisi. Voilà un éclat de granit qui est aussi gros qu’un pain d’un sou. Quand le revêtement sera percé, nous irons plus vite, parce que nous trouverons les moëllons. Prends garde d’écorcher les pierres voisines. Sais-tu que la princesse sera là comme