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Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/88

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Vincent était sûr de cela. Rien au monde n’aurait pu entamer sa certitude.

Comme on ne lui avait donné aucun secret à garder, comme au contraire on avait employé tous les moyens d’égarer son imagination loin du vrai, il restait libre de chercher.

Et il cherchait.

Non pas encore activement, car les générosités dont le vieillard l’accablait lui faisaient scrupule, mais théoriquement, platoniquement, si l’on peut dire, et en remuant sans cesse l’arithmétique fantasque du calcul des probabilités.

Dans notre monde, il est plus de gens qu’on ne pense rompus à cette escrime de la pensée, et qui, semblant marcher au hasard, vont droit leur chemin, guidés par la résultante d’une opération algébrique en tout comparable au travail que font les marins pour relever leur route à travers les mystères de l’océan.

Le champ de la vie humaine est plus vaste que la mer et plus inconnu. La science dont je parle plie et façonne l’induction pour en former une manière de boussole propre à guider le voyageur dans les ténèbres de la vie.

Parfois, vous voyez surgir un homme, en apparence médiocre, qui pousse tout à coup comme un champignon ; soit hasard, soit industrie, ayez pour certain qu’il s’est procuré une de ces boussoles.