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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/121

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bourgeois, maintenant, moi qui pouvais passer pour le miroir du true gentleman, il y a six mois ! L’argent est le sang même des veines de ce siècle, c’est bien sûr. J’ai manqué d’argent, cela m’a dégradé… Où en étais-je ? Bruneau est un scélérat et la comtesse Corona ne vaut pas beaucoup mieux que lui. Sans M. Lecoq, je vous le dis sérieusement, Edmée, j’étais perdu sans ressources. »

La jeune fille détournait les yeux avec malaise chaque fois qu’on prononçait ce nom de Lecoq. Elle demanda :

« Est-ce M. Lecoq qui t’a dit du mal de M. Bruneau et de la comtesse Corona ?

— Ne vas-tu pas défendre aussi la comtesse Corona ! s’écria Michel.

— Elle t’aime ;… mais tu ne l’aimes pas, murmura Edmée. Quand je souffrais, je songeais à elle comme à une amie.

— Une amie ! répéta Michel en ricanant.

« Mais il ne s’agit pas de la comtesse Corona, se reprit-il, et nous allons revenir à ce digne M. Bruneau… Encore une fois, je sais toutes tes histoires avec M. Lecoq.

— Toutes !… fit Edmée, comme un écho.

— Toutes ! »

Edmée resta bouche béante à le regarder.

« Bien ! bien ! murmura Michel. Voyons ! calme-toi. Depuis quand est-il défendu à un honnête homme de rechercher une honnête jeune fille en mariage ?

— En mariage ! se récria Edmée dont la joue devint pourpre ; et c’est vous qui me parlez ainsi, Michel ! »

— Depuis quand, poursuivit celui-ci, la voix libre, l’œil clair et sans embarras aucun, l’honnête homme