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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/123

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dalisé à son tour. Mais c’est de moi que je te parle, et de toi, et de nous ! M. Lecoq est tout uniment notre providence ! »

Edmée le regarda en face.

« Tu es fou ! prononça-t-elle presque durement.

— C’est clair, puisque nous ne sommes pas du même avis.

— Tu es fou !… Il t’a dit qu’il voulait m’épouser ?

— Avant de savoir que tu m’aimais, oui.

— Et pour colorer l’indignité de ses poursuites, il t’a parlé d’épreuves… Tu rougis, Michel !

— C’est que je t’aime… Oui, il m’a parlé d’épreuves, le front haut et les yeux dans mes yeux.

— Et ce sont les tiens qui se sont baissés !

— C’est vrai.

— Tu es fou ! »

Michel se leva, développant tout d’un coup sa haute et noble taille.

« S’il t’a insultée, dis-le ! ordonna-t-il. Cet homme est notre dernier espoir, mais s’il t’a insultée, je le tue ! »

Un instant, Edmée hésita. Puis elle prit les deux mains de son amant et y mit ses lèvres qui brûlaient.

« Merci, balbutia-t-elle. Tu me faisais peur. »

Michel attendait. Elle reprit d’une voix altérée :

« Non, il ne m’a pas insultée.

— Et elles viennent vous accuser de folie ! gronda Michel en se rasseyant. Écoute-moi bien, : tu ne comprends pas ce caractère-là. Sa tête et son cœur sont emplis par une grande pensée. Tu as eu défiance à cause de sa richesse, je conçois cela. Tout à l’heure, je vais te mettre à même de mesurer son désintéressement ! »

Il parlait avec chaleur. Edmée désormais le laissait dire. Entre ses paupières demi-closes un regard sour-