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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/124

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nois glissait qui la faisait plus jolie. Sur ses lèvres plissées, on lisait distinctement cette phrase :

« Mon pauvre Michel, celui-là est plus malin que toi ! »

Quoi qu’on puisse penser de notre héros, il savait lire, car il répondit :

« Nenni, dà ! mademoiselle ; nenni, dà ! Nous ne sommes pas aveugles tout à fait ! J’ai les preuves de ce que j’avance, et si vous aviez voulu m’écouter…

— Mais enfin, on ne peut pas épouser deux femmes à la fois ! lança Edmée triomphalement. Son mariage avec Blanche est arrêté…

— Il est rompu, » riposta notre héros d’un ton péremptoire.

Edmée leva sur lui son regard étonné.

« Il a lâché sa proie ! » murmura-t-elle.

Michel répondit du bout des lèvres :

« M. Lecoq est à la source de toutes les informations… Souriez tant que vous voudrez, chérie. Vous ne sourirez plus quand je vous aurai dit pourquoi M. Lecoq a choisi ce genre d’occupations qui n’est pas de votre goût. M. Lecoq en sait long. Certes, la fortune du baron Schwartz est colossale ; mais la source de cette opulence… enfin, je m’entends.

— Cet excès de délicatesse, commença Edmée, de la part de M. Lecoq…

— Il y a de cela, l’interrompit Michel. Il y a aussi une noble et paternelle bonté. M. Lecoq a su par moi les gentilles amours des deux enfants : Blanche et Maurice. Il n’a fallu qu’un mot… Grâce à lui, c’est un mariage qui se fera. »

Comme le charmant visage d’Edmée exprimait énergiquement son incrédulité, notre héros Michel leva les doigts effilés de la jeune fille jusqu’à ses lèvres, et y déposa un baiser protecteur.