Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« De l’autre côté de la cour, dit-il en montrant du doigt la fenêtre de Maurice et d’Étienne, j’ai deux amis qui sont un peu fous, mais pas beaucoup plus fous que le restant de Paris. Leur folie est de tourner tout en drame et de considérer la vie réelle comme un immense répertoire de pièces propres à être représentées sur le théâtre de l’Ambigu. Il y a du vrai là dedans, je ne dis pas non. Donc, ces deux bons garçons que vous connaissez aussi bien que moi ont remué des montagnes autour de nous deux, Edmée, autour de la maison Schwartz, autour de ce que vous savez comme moi, autour de ce que nous ignorons l’un et l’autre. J’ai travaillé avec eux, collaboré comme ils disent, et parmi le monceau d’hypothèses qu’ils retournaient pour y chercher leur pâture, toujours cet antagonisme se retrouvait entre Olympe Verdier et Sophie ; Sophie, c’est vous, Olympe Verdier, c’est ma mère. Ils ne savent rien de ce dernier secret, et ils ne connaissent pas ma mère, qui ne dit son cœur qu’à Dieu. Mais leurs suppositions, rapprochées de certaines paroles de M. Lecoq, ayant trait à la fortune des Schwartz et à sa source, conduiraient à penser… Le baron Schwartz est un homme habile, et je ne réponds que de ma mère… Or, quand ma mère a épousé le baron Schwartz, il avait déjà quatre cent mille francs.

— Quatre cent mille francs ! répéta Edmée. Il avait quatre cent mille francs ! »

Puis elle ajouta comme si ce chiffre même eût augmenté son trouble :

« Je vous en prie, Michel, ne me cachez rien !

M. Lecoq, poursuivit notre héros en homme qui vide son sac, affirme que, très peu de temps avant le mariage, M. Schwartz accepta de lui à dîner dans une auberge de Caen.