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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/160

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stigmates plus apparents : le comte Corona, une belle tête d’ange italien déchu, et le prêtre, face ravagée par le vice, mais éclairée par une diabolique intelligence.

Sa joue et le tour de ses yeux portaient encore les marques du travail de grimage, supérieurement exécuté, à l’aide duquel il avait pu tromper les yeux affaiblis du moribond.

Il y avait enfin la religieuse : une jolie fille à la voix rauque, au rire effronté et brutal, et le vieux domestique qui gardait, par habitude, une bonne moitié de son air cafard.

« Je vous attendais tous ici ; dit l’homme masqué. Il convenait que la haute-loge des Habits Noirs, tout entière, entourât le lit de mort du Père…

— Il manque trois têtes, dit le docteur. Nous sommes douze du premier degré en comptant le Maître. »

L’homme masqué répondit :

« Je suis le Maître. En me comptant, nous restons onze. Fanchette, M. Bruneau et Trois-Pattes sont absents. Fanchette va être jugée, M. Bruneau m’est suspect ; Trois-Pattes est mon esclave : nous pouvons délibérer. »

Un murmure avait accueilli cette déclaration : « Je suis le Maître, » l’homme masqué poursuivit.

« Il faut que les funérailles soient dignes de celui qui n’est plus. Nul n’y fera défaut, ni vous, ni ceux du second degré, ni l’armée des simples compagnons. Il fera jour demain, et l’association pourra se compter au grand soleil sous le regard des profanes.

— Bien parlé, L’Amitié, repartit en ricanant le comte Corona. Et c’est pour nous prêcher cela que tu as sauté par la fenêtre ?

— Avec un masque de carnaval ? ajouta la religieuse,