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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/166

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sait ou ne peut faire. L’étude est sur la terre, l’agence est dans les nuages.

Nous planons, dans toute la force du terme, et si nous manquons de diplômes, c’est que tous sommes à cent coudées au-dessus des vulgaires examens.

Une lampe, jumelle de celle qui éclairait le salon, brillait sur la cheminée du cabinet et montrait la porte entr’ouverte d’un boudoir.

Pourquoi non ? l’agence ne repousse pas le beau sexe. Il y a le côté des dames.

Le boudoir était charmant et d’un goût très passable. On ne peut dissimuler, dépendant, que l’odeur de la pipe y persistait. Or, en 1842, le sexe qui doit son principal lustre à MM. Legouvé n’en était pas encore à ces violents appétits dont les budgets croissants de la régie chantent chaque année l’heureux épanouissement. Cette odeur de pipe était une insolence et un symptôme : elle prouvait que le faune de ces grottes avait ce qu’il fallait de valeur pour imposer ses habitudes.

Dans le boudoir, il y avait des tableaux tendres et deux réductions de Pradier ; le guéridon, en bois de rose, orné de cuivres coquets, portait le Figaro, le Vert-Vert, le Corsaire-Satan, la Mode et les œuvres de Gavarni très galamment reliées. Des fleurs fraîches emplissaient les vases, et le velours des rideaux, dégagés de leurs embrasses, tombait à larges plis devant les croisées. Il y avait, bien entendu, ce qu’il faut d’issues pour éviter tout danger de rencontres entre celles qui arrivent et celles qui s’en vont.

Hélas ! vous n’eussiez pas trouvé de boudoir à l’agence Échalot ! Point d’antichambre, point de commis derrière la soie verte d’un treillage, point de salon, point de cabinet ! Similor, brillant mais inutile, était une gêne plutôt qu’un profit ; le jeune Saladin, qui nuisait