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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/177

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Lecoq ouvrit la boîte de carton qui contenait un peu de cire à modeler et répéta :

« Bravo ! »

Le marquis ajouta en secouant la cendre de son cigare :

« Mon bon, je vous parlais des Habits-Noirs comme j’aurais parlé d’autre chose. Je ne veux pas dire que vous ayez au ministère ni même à la préfecture ce qui s’appelle des ennemis. Mais, vous m’entendez bien, on n’est pas fixé… vous avez pris une diable de position, qui est remarquée… Et dans tous les pays du monde où il y a une administration, le besoin se fait sentir de créer du nouveau pour s’accréditer. Il ne faut pas que cela vous attriste…

— Cela ne m’attriste pas, l’interrompit rondement M. Lecoq. Je me moque de vos ministres et de votre préfecture comme de Colin-Tampon !

— Vous avez des mots à vous, murmura le marquis ; mais, sans vous attrister, il ne faudrait pas non plus, c’est du moins mon avis, vous laisser aller à de maladroites fanfaronnades. »

M. Lecoq lisait attentivement le document contenu dans l’enveloppe et jetait de temps en temps un regard de côté à la pelote de cire.

« Voici un garçon qui a nom Piquepuce ! dit-il tout à coup, et qui me sert comme un chien pour un os à ronger. Je ne le changerais pas contre une demi-douzaine d’administrateurs à vingt mille francs par an. Est-ce qu’on voudrait me faire du chagrin, là-bas, hé ? Tâchez de parler la bouche ouverte, vous !

— Mon cher monsieur de la Perrière, répondit Gaillardbois en gardant sa distance, il n’y a rien de si dangereux que de jouer au fin avec un homme comme moi. Je n’ai jamais pu connaître le vrai de votre situation.