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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/209

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Julie entendit cette fois et dit précipitamment :

« Vous allez recevoir un étranger ? Je me retire.

— Ce n’est pas un étranger, répliqua M. Lecoq durement. Tenez-vous ferme ! nous jouons gros jeu ici, je vous en préviens, tous tant que nous sommes ! »

Julie, qui s’était levée à demi, s’affaissa de nouveau sur son siège.

À ce moment, la porte qui communiquait avec les appartements de l’agence s’ouvrit, et M. le baron Schwartz fit son entrée. Julie étouffa un cri de détresse et resta muette sous son voile comme derrière un abri.

Trois-Pattes avait collé son œil aux trous du guichet.

« Temps perdu ! dit le baron en passant le seuil. Fatigant… et inconvenant ! »

Le dernier mot rétablissait les distances. Il fut prononcé du ton qu’il fallait.

M. Lecoq avait fait quelques pas au-devant de son hôte et masquait ainsi Julie.

« Deux mots à dire, reprit M. Schwartz, parlant à la rigueur son langage abrégé. Pas d’excuses ! perd du temps !

— Je n’ai pas d’excuses à vous faire, monsieur le baron, déclama au contraire M. Lecoq avec une ampleur emphatique : J’ai agi comme je le devais, dans votre intérêt.

— Mon intérêt ! » répéta le millionnaire en se redressant de son haut.

M. Lecoq s’effaça avec cette agilité de corps qu’il avait gardée et qui le faisait plus jeune que son âge. À la vue de la baronne, immobile et repliée sur elle-même, M. Schwartz recula de plusieurs pas. Ses dents claquèrent un coup sec.

Le voile n’y pouvait rien. Il l’avait reconnue d’un regard.

« Ah ! dit-il, frappé violemment et d’une façon inat-