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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/210

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tendue, malgré les soupçons qui roulaient dans son esprit depuis une heure. C’était elle !

— Parbleu ! fit Lecoq avec son gros rire. Il a bien dit ça, le beau-père : C’était elle ! »

Le baron restait pétrifié. L’insolence glissait sur lui ou plutôt augmentait son épouvante.

Dans la chambre voisine, Trois-Pattes écoutait et regardait. Il retenait son souffle ; son cœur avait peur de battre.

La conduite de M. Lecoq était pour lui une énigme à demi devinée ; mais il est des drames dont on sait d’avance le dénouement, et qui, nonobstant cela, dégagent une écrasante émotion.

« Il faut nettoyer la situation, répéta pour la troisième fois M. Lecoq, allongeant à plaisir les préliminaires pour alourdir d’autant le poids qui opprimait la poitrine de ses hôtes d’abord, et en second lieu pour se monter lui-même au diapason qu’il avait réglé d’avance. Il faut prendre le taureau par les cornes ! Vous n’êtes pas dans de beaux draps, non ! Je ne suis pas un saint Vincent de Paul, moi, que diable ! Si je le disais, me croirait-on ? Mais je peux rendre service quand mon intérêt y est.

— Madame la baronne… voulut commencer M. Schwartz.

— Vous, la paix, Jean-Baptiste ! » l’interrompit bonnement M. Lecoq.

Ce nom de baptême, employé à l’improviste, produisit un très singulier effet. Le millionnaire se tut docilement et parut on ne peut plus déconcerté.

Ce fut à ce point que Trois-Pattes ne put s’empêcher de sourire dans sa cachette.

Il trempa sa plume dans l’encre et traça quelques lignes à la hâte.