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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/212

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« Il s’agit bien, poursuivit M. Lecoq avec un souverain mépris, de rabâcher les vieilles scènes de jalousie, de fureter, d’espionner, de voler des clefs, d’en prendre l’empreinte pour ouvrir des tiroirs de secrétaire comme un coquin…

— Monsieur, voulut l’interrompre le baron.

— Parbleu ! vous allez dire que vous n’avez pas l’empreinte dans votre poche, hé ? Moi, je vous réponds qu’il n’y a plus rien dans le tiroir. Mais, consolez-vous : si vous êtes curieux, vous allez en avoir tout votre saoul. Qu’est-ce que le tiroir vous aurait dit ? Le mensonge de votre femme. C’est fini, le mensonge ; il y a temps pour tout, et voilà votre femme qui va vous servir un plat de vérités !

— Est-ce donc vous qui me portez ce défi, madame ? demanda le baron avec la dignité des profonds chagrins.

— Ah ça ! s’écria M. Lecoq, vous n’avez donc pas encore compris qu’il ne s’agit pas d’une querelle de ménage ! Je ne suis pas méchant, moi, que diable ! Et je ne vous aurais pas mis en présence pour vous faire de la peine. C’est vous qui avez commencé. Vous avez trompé votre femme, monsieur Schwartz : vous saviez que son premier mari existait !

— J’affirme… commença le banquier.

— Vous avez tort d’affirmer.

— Je jure…

— Ne jurez pas ! prononça lentement la baronne, qui était restée muette jusqu’alors.

— À la bonne heure ! dit Lecoq. Voici la chère dame qui a retrouvé la parole. Il faut que vous sachiez, monsieur le baron, que Mme la baronne est pour le moins aussi étonnée que vous. C’est une surprise des deux côtés. Je suis un drôle de corps, hé ? Vous allez voir comme je conduis une discussion. Je me suis oc-