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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/221

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cercle où l’algèbre de la Bourse parque ses ingénieuses équations. Une lueur de foudre établissait, parmi les menaces qui l’affolaient une rapide et éclatante balance. Il voyait à la fois ce qui naissait de la fatalité et ce dont sa conscience lui reprochait la coupable origine.

Car il y avait de ceci et de cela dans le malheur de cet homme.

Son premier pas sur la route de la fortune piquait son souvenir comme la pointe d’un couteau ; la mémoire de l’acte qui l’avait lié à une femme aimée était un remords.

Il y avait en outre ses rapports avec le colonel.

M. le baron Schwartz fut épouvanté par les paroles de Lecoq, parce qu’il n’était pas entièrement pur selon sa propre conscience. Donnez-lui la pureté absolue, l’honneur, pour employer le mot qui dit tout, et l’échafaudage de ces mélodramatiques menaces va crouler. Mais là où l’honnêteté de convention remplace ce solide abri de la conscience, les fictions malsaines acquièrent une étrange valeur.

Cet homme, qui n’était pas pur devant sa conscience, se croyait du moins, jusqu’à l’heure présente, net devant la loi.

Mais la conscience seule est à l’abri de l’erreur. Tout le reste se trompe.

Quand ceux-là se sont trompés dans le bilan quasi loyal de leurs accommodements, la loi, leur fétiche, se dressant tout à coup en face d’eux, les change en pierres.

Le baron Schwartz vit cette tête de Méduse : la loi qui l’abandonnait, la loi qui était contre lui !

Rien de pareil ne se passait dans l’esprit de la baronne : non point qu’il n’y eût au fond de son cœur une