Aller au contenu

Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous cache pas ce motif intéressé, Paris tout entier s’amusera jeudi prochain ; je dis le mot vrai, s’amusera et applaudira en apprenant que les scellés sont sur vos livres et que l’expert Taupart a mis son enragé museau dans votre champ de truffes. J’ai dit. Maintenant, agissez comme il vous plaira : je m’en lave les mains.

M. Lecoq repoussa son siège et vint se mettre au devant de la cheminée, les bras croisés derrière son dos.

« Monsieur, dit la baronne en s’adressant à son mari, vous m’avez demandé si je vous suivrais…

— Changé d’avis, l’interrompit M. Schwartz, reprenant sa syntaxe abrégée avec un aplomb tout à fait inattendu. Inconvénients d’une fuite crèvent les yeux. Préfère rester. Idée. »

M. Lecoq eut, en s’inclinant, un sourire sceptique et narquois.

« Plus brave ! dit-il, parodiant le laconisme du financier. Moins sûr !

— Moi, déclara Mme Schwartz, je partirai avec ma fille…

— Sage ! opina M. Schwartz.

— Comme image ! » acheva Lecoq en ricanant.

Le baron se leva.

« Mon cher monsieur, dit-il en étudiant sa phrase et d’un air dégagé, vous cachez sous des formes bizarres un grand sens et beaucoup de dévouement, je le sais. Je ne refuse pas du tout de faire le compte des intérêts… et des intérêts des intérêts de ce billet de mille francs, que je reconnais avoir reçu de vous en 1825, quoique, paraîtrait-il, vous avez prétendu acheter à ce prix mon silence, à propos d’un crime ou d’un délit auquel vous auriez participé à mon insu. J’ai cru comprendre cela. Dix ou douze mille louis ou même da-