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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/230

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vantage sont une bagatelle pour moi. Réfléchissons tous deux. Je donne mercredi soir un petit bal pour la fête de ma fille qui vint au monde à la saint Cyprien. J’ai l’honneur de vous y inviter, et Mme la baronne fait de même. »

Il offrit son bras à sa femme qui le prit.

« On dansera ? demanda M. Lecoq ironiquement.

— On dansera, » répliqua le banquier, qui salua et ouvrit la porte.

La baronne dit tout haut en passant le seuil :

« J’aurai à vous parler demain, monsieur Lecoq. »

À son tour Lecoq s’inclina, mais en silence.

Quand il fut seul, il plongea ses deux mains dans les deux poches de sa robe de chambre et resta pensif, debout au milieu de la chambre. Un battant qui grinçait en roulant sur ses gonds lui fit lever les yeux. Il vit Trois-Pattes, pelotonné devant sa table et tenant encore sa plume à la main. La lumière de la lampe éclairait d’aplomb l’étrange visage de l’estropié.

Un instant, M. Lecoq le regarda sans parler. Trois-Pattes souriait :

« Pourquoi ris-tu, toi ? lui demanda rudement Lecoq.

— Parce que c’est drôle, » répliqua l’estropié.

Puis, après un autre silence, il reprit :

« Ce Michel Maynotte était donc innocent, là-bas ? »

Lecoq haussa les épaules, et se mit à marcher dans la chambre à grands pas.

Au deuxième ou troisième tour, il s’arrêta devant Trois-Pattes qui le regardait toujours.

« Toi, grommela Lecoq, sans M. Bruneau, je t’étranglerais !

— Ce ne serait pas bien difficile, répondit doucement l’estropié.

— Il y a des moments où tu me fais peur, poursuivit