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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/232

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élevé. S’il tombait, et un mot de la baronne le ferait tomber, gare dessous ! Veille au grain, monsieur Mathieu, car tu as le bon poste, et si tu t’endormais dans ta guérite, tu ne t’éveillerais pas !

— Je ne dors jamais que d’un œil, patron. »

M. Lecoq le regarda encore. Il n’y avait rien sur ce visage pétrifié.

M. Lecoq passa le seuil du « corps de garde » et lut le papier par-dessus l’épaule de Trois-Pattes.

« Vingt lignes ! grommela-t-il, et tout y est ! Signe. Il faut que M. et Mme Schwartz sachent demain qu’il y avait près d’eux ce que je t’ai dit ; un témoin et un greffier. »

Sans hésiter, Trois-Pattes signa son nom de Mathieu et parapha.

« Dans la maison Schwartz, dit-il non sans fatuité, on connaît ma signature.

— Lis ceci, ordonna M. Lecoq en lui mettant dans la main le travail de Piquepuce.

— Tiens ! tiens ! fit l’estropié. Alors, tout ce que vous avez fait, c’est pour enfler la caisse avant que de la vider ? »

M. Lecoq ne répondit que par un signe de tête souriant.

« Bien mignon, ce tour-là ! murmura Trois-Pattes. Mais à quoi serviront les faux billets ? »

M. Lecoq avait, en vérité, l’orgueil de l’auteur applaudi.

« Tu verras, dit-il. C’est le plus beau ! »

Il se frotta les mains et reprit :

« Nous aurons besoin d’acteurs et de comparses. Tu auras demain la distribution des rôles, et tu choisiras ton monde à l’estaminet de l’Épi-Scié.

— Entendu, patron.