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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/231

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M. Lecoq en se parlant à lui-même. Mais je sais que ce Bruneau est Michel Maynotte, je le sais !

— C’est moi qui vous l’ai dit, patron….

— C’est vrai, c’est toi… »

L’œil de Lecoq, défiant et dur, était braqué sûr lui.

« Elle est fièrement belle, cette baronne Schwartz ! dit l’estropié, dont les yeux eurent une étincelle.

— Je suis fou ! gronda Lecoq ; qui tourna le dos pour reprendre sa promenade.

— Est-ce que je ressemble de près ou de loin à cet André Maynotte ? demanda Trois-Pattes.

— Pourquoi ? fit Lecoq, qui s’arrêta court.

— Parce qu’elle a gardé des idées pour lui, repartit l’estropié avec une sorte de puéril cynisme, et qu’alors, si je lui ressemblais…

— Je suis fou ! répéta Lecoq.

« Tu sais, ajouta-t-il, que je les ai roulés de pied en cap ! Il a voulu se garder à carreau pour le cas où je le dénoncerais à la préfecture ; mais, à l’heure qu’il est, son départ est décidé.

— Mais ce bal…

— C’est ce bal qui le trahit. Le truc est usé jusqu’à la corde. Mercredi, ses provisions seront faites : j’évalue à quatre ou cinq millions ce qu’il aura pu rassembler.

— En bank-notes, s’il va en Angleterre ?

— Pas la queue d’une bank-note ! cela donnerait l’éveil. Il prendra de beaux et bons billets de banque, comme s’il s’agissait d’une échéance extraordinaire. Je le connais : il est adroit pour les petites choses.

— Et sa femme ?

— Sa femme en vaut dix comme lui. Je te charge de Bruneau ; entends bien ceci : il y a un obstacle entre Bruneau et la baronne ; je le connais puisque je l’ai