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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/253

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— Ah ! fit André Maynotte, qui devint plus attentif.

— Le départ est fixé à demain jeudi.

— Le bal aura lieu, ce soir ?

— Le bal sera splendide. On veut tromper Lecoq.

— Ils sont d’accord tous deux ?

— La baronne commande. Elle impose son fils.

— Sera-t-il du voyage ?

— Il y aura deux camps. Le baron part au petit jour, avec les valeurs, en poste. La famille prend le chemin de fer. Blanche sait qu’elle a un frère.

M. Schwartz a donc de sérieux motifs de craindre ? » pensa tout haut André.

La comtesse ne répondit point ; mais l’instant d’après elle dit :

« Le colonel a dû le compromettre de façon ou d’autre. Depuis dix-sept ans, il élevait ces millions-là à la brochette. Le baron sait d’ailleurs ce dont Lecoq est capable.

— Je vous demande, reprit André, précisant sa question, si M. Schwartz, selon vous, fut complice à un moment, à un degré quelconques, du colonel ou de Lecoq. J’ai grand intérêt à savoir cela.

— Votre jugement est porté, répliqua la comtesse, mais je répondrai puisque vous le voulez. Pour le passé, il n’y a rien au delà des mille francs reçus, et quand M. Schwartz reçut ces mille francs, il ignorait le crime. Pour le présent, le colonel en était arrivé à prendre au sérieux le prétendu fils de Louis XVII, le duc, qui fait partie des Douze, il le disait, du moins. M. Schwartz n’a pas refusé de donner sa fille à un prince. Les hommes comme lui sont romanesques à leur manière. Leur vie a été un songe d’or ; ils croient au merveilleux. »