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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/270

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Ils prirent place dans une gargote austère, devant une table de sapin, noire comme de l’encre, où reposaient une salière et un moutardier. Saladin, le paquet et la bouteille furent suspendus à la muraille à l’aide d’un clou, faisant office de patère. Une vieille femme qui devait expier là de bien impardonnables forfaits, vint les servir avec défiance.

« La chose de notre avenir assuré dans la carrière du crime, dit Similor d’un ton d’affaires, te sera communiquée avec la manière de se servir de fera-t-il jour demain ? et autres. C’est Piquepuce qui a régalé ce matin.

— Monsieur Piquepuce ! s’écria Échalot émerveillé.

— Parle avec prudence. Ces machines-là n’a pas coutume de s’égosiller à haute et intelligible voix, et d’ailleurs, tous les hommes sont égaux. J’ai vu Piquepuce dans le besoin comme nous y sommes.

— Pour ça, oui, confessa l’ancien pharmacien. Elle est fameuse, la saucisse !

— Passable ; un temps qui sera, on fera d’autres extras plus coûteux, mais pour en revenir au mystère, que nous allons y coopérer, il n’est que pour mercredi.

— Qu’est-ce que c’est ? » demanda Échalot.

Ainsi se représente-t-on la jeune Psyché interrogeant étourdiment l’Amour.

Similor mit un doigt sur sa bouche.

« C’est donc encore deux grands jours à vivre de nos propres ressources, reprit-il. Je ne veux plus manquer de rien, toi non plus. C’est à nous de faire appel à notre astuce pour résoudre le problème. »

Il emplit le verre d’Échalot qui caressait du regard le demi-setier surmonté d’une mousse violâtre.

« Avec vingt-cinq francs, poursuivit Similor, penses-tu qu’on pourrait aller jusqu’à mercredi ? »