Aller au contenu

Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rent ces lignes et qui ne sont pas familiarisés avec la chose du truc, aucune majestueuse impression ne se fût dégagée de cette buvette vulgaire qui n’était pas même tout à fait un bouge, mais un sentiment que nous qualifierons religieux serrait la poitrine de nos deux amis. Ces brûleurs de pipes et ces joueurs de dominos, ressemblant à des petits bourgeois, étaient peut-être, étaient certainement des gaillards qui en mangeaient !

Échalot resta tout uniment écrasé sous la pensée de son néant, vis-à-vis de ces talents notoires et arrivés. Similor, moins sensible et plus fanfaron, réagit contre son embarras et marcha droit au comptoir où une grosse femme, violette en couleurs, accueillait justement le capitaine Patu avec un tendre sourire.

« Conducteur ! » appela Similor d’une voix retentissante.

Le marin d’eau douce se retourna en tressaillant au milieu de son compliment d’arrivée.

« Sois calme, Amédée ! glissa Échalot.

— Comme quoi, reprit Similor avec éclat, vous devez reconnaître un jeune homme qu’a eu à se plaindre de vous dans l’exercice de vos fonctions de batelier de deux sous, et qu’a promis de vous casser une aile ou deux, sans se fâcher, à pied comme à cheval, contrepointe, canne, baïonnette ou simplement chausson français, rien dans les mains, rien dans les poches ! »

Un éclat de rire bruyant et rauque accueillit la conclusion de ce discours, qui enleva évidemment l’approbation générale.

Échalot regarda Similor d’en bas et le trouva grandi de trente coudées.

Par tous pays, le mari de la reine est entouré de jaloux. Le capitaine Patu n’échappait pas à ces incon-