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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/282

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vénients du bonheur. Quand la dame et maîtresse de l’Épi-Scié parla de faire jeter Similor à la porte, il y eut un murmure.

« Les mendiants ne sont pas reçus dans une maison honnête ! voulut insister aigrement la souveraine, qui répondait au gai nom de madame Lampion.

— Et si on vous cousait le bec avec un mot d’amitié, ma grosse nounoute ? demanda Similor qui reprenait plante. Si on vous disait à l’oreille : Fera-t-il jour… ? »

Il n’acheva pas. Son nez, sa bouche et son menton disparurent dans son chapeau gris, brusquement enfoncé d’un coup de poing appliqué de main de maître.

Tonnerre de gaieté dans la salle. Échalot eut le réveil du lion. Il retroussa les manches de sa veste, trempa ses deux mains dans la poussière et prit, à la grande joie de la galerie, la garde du boxeur français, mais, au lieu de frapper, il se tira gauchement une mèche de cheveux et balbutia :

« Bonsoir, monsieur Piquepuce ; salut, monsieur Cocotte ; votre serviteur, papa Rabot. »

M. Piquepuce alla au comptoir, et dit à l’oreille de la reine Lampion :

« C’est les agneaux de Toulonnais-L’Amitié. Pas de bêtise ! »

Et comme elle ouvrait la bouche pour répliquer, Piquepuce ajouta :

« Ils ne dureront que jusqu’à demain soir. »

Quelques minutes après, Similor et son fidèle Échalot étaient attablés dans le troisième ciel, c’est-à-dire au milieu de quinze ou vingt artistes, qui tous en mangeaient.

Ce fut une nuit enchantée ; on fit la poule ; on ne parla pas affaires. Nos deux amis se sentaient trans-