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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/285

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IV

La chose de tuer la femme.


Quoique l’institution des sergents de ville et tout ce qui regarde la police urbaine aient progressé admirablement depuis l’époque où se passe notre histoire, il est certain qu’un acte de violence, commis en plein boulevard, même à ces heures de nuit où le boulevard est un désert, était alors comme aujourd’hui une chose excessive et très rare.

Dès ce temps, il fallait que le drame nocturne fût hardiment et prestement mené, car si les gardiens de notre sécurité étaient moins nombreux et tenus à une vigilance moins sévère, ils existaient, et les bêtes fauves de la forêt se plaignaient déjà de la dureté des affaires.

Il y avait eu deux actes de violence commis, dans l’espace de quelques minutes, sur deux points très différents, quoique nous trouvions les deux « corps de délit » réunis sur le même banc du boulevard.

Les événements avaient marché pendant ces deux jours, comme le disait tout à l’heure la comtesse Corona. La portion de notre sujet, qui est la comédie de famille entre M. le baron Schwartz et sa femme, touchait presque à son dénoûment, et tout ce qui dépendait de cette lutte allait être réglé dans le sens des volontés de la baronne, à moins qu’une influence étrangère et plus forte ne fît verser la balance à la dernière heure.

M. Schwartz, tout entier à la suprême partie qu’il jouait avec une sombre résolution, laissait aller tout le