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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/286

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reste. Il y avait dix à parier contre un que ces jeunes amours, qui sont, dans cette histoire de voleurs, un très modeste accessoire : le roman de Michel et d’Edmée, le roman aussi de Blanche et de Maurice, allaient se dénouer le plus simplement du monde par une double union que rien désormais ne traverserait.

Mais était-ce bien la volonté de M. Schwartz ou même celle de la baronne, qui tenait lieu de destin dans ce petit monde où s’agitent nos personnages ?…

Edmée avait passé une journée heureuse, mais pleine de fièvre, car sa santé, à peine remise, se brisait sous ces émotions. Blanche et sa mère étaient venues dans la pauvre retraite de Mme Leber. Un long, un suave baiser avait servi d’explication entre la baronne et Edmée. Une toilette de bal fraîche et charmante s’étalait sur la simple couchette.

Étienne, notre Étienne, dont nous n’avons pas le loisir de suivre, comme nous le voudrions, les travaux dramatiques, aurait senti là une aimable odeur de quatrième acte (le tableau d’intérieur !) préparant le dénoûment heureux.

Pourtant, quelqu’un manquait. Michel n’assistait pas à cette douce fête.

Longtemps après le départ de ses hôtes, Edmée, qui l’attendait, s’était jetée tout habillée sur son lit, où l’engourdissement de la fatigue l’avait prise. À une heure qu’elle n’eût point su préciser, on frappa doucement à sa porte. Elle se leva, joyeuse, et croyant que c’était enfin Michel. Il faisait nuit ; la lampe baissait, prête à s’éteindre.

Ce fut M. Bruneau qui entra.

« Michel ne viendra pas, » dit-il, répondant à l’expression de désappointement qui était dans le regard de la jeune fille.