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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/298

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Échalot jeta Saladin sous son bras gauche, et médita tout haut :

« Il y aurait un moyen d’échapper à l’association infernale dont la honte de d’échafaud nous attend peut-être au bout : c’est de s’engager avec courage dans la gendarmerie départementale ! »


V

Les funérailles d’un juste.


Le soleil rallume sa torche, comme si de rien n’était, après l’horreur de ces nuits. Les gais oiseaux de la forêt s’éveillent au moment précis où les bêtes fauves cessent d’errer pour rentrer dans leurs tanières. Il y avait au matin, sur le banc fatal, trois belles petites grisettes qui cassaient des noix avec leurs dents saines et dures. L’une d’elles disait, en apercevant quelques gouttes de sang dans la poussière :

« C’est peut-être mon oncle qui a donné du raisiné à ma tante. »

Ceci n’est pas de l’argot, mais bien le ramage un peu rauque des fauvettes de la forêt. Dans les ménages sylvestres, donner le raisiné, c’est écraser amicalement, d’un coup de poing, le nez d’une compagne coupable ou acariâtre.

On n’est pas de bois.

Les balayeurs des deux sexes, étalant le pittoresque sans-gêne de leurs costumes, soulevaient des flots de poudre ; les tapis montraient aux fenêtres ouvertes leurs nuances éclatantes, tandis qu’aux balcons voisins les