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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/354

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voilà qu’on le présente en toute cérémonie à la baronne Schwartz.

— Cette femme est supérieurement belle !

— Il y a quelque chose entre elle et ce Lecoq !

— Et voilà que M. le duc… de Bourbon invite solennellement la petite mademoiselle Schwartz…

— Solennellement, ma parole !

— Où donc a-t-il trouvé ce profil ?

— Je suppose maintenant que toute cette machine des Habits-Noirs soit une conspiration à l’italienne… cela s’est vu…

M. Lecoq vient de parler bas à la baronne Schwartz, qui a pâli.

— Après tout, sous un régime pareil, il n’y a plus d’absurde !

— Mon avis, dit dans le coin humble l’adjoint de Livry à Mme Blot, rentière, c’est que la présence d’un particulier si riche dans ce pays-ci ne fait pas de mal. »

Il léchait son sixième sorbet avec plaisir.

La rentière répliqua d’un ton mystérieux :

« Savez-vous ce qu’on chuchote ? La maison est pleine de mouchards. Mon pauvre Blot avait des opinions : il les sentait d’un quart de lieue ! Il paraît que l’assassin de cette comtesse Corona est dans la fête ! »

Celui que nous avons nommé l’Inconnu sortit à ce moment avec quelque précipitation. M. le marquis de Gaillardbois resta. Il avait l’air soucieux.

Comme l’orchestre frappait le dernier accord du quadrille, une voix lointaine, et néanmoins distincte, monta par les fenêtres ouvertes. Elle apportait le cri plaintif, mais joyeux, aux oreilles enfantines, que les joueurs d’orgue lancent dans la nuit :

« Lanterne magique ! pièce curieuse ! »