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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/360

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paroles prononcées, il est accusé, c’est vrai ! encore accusé ! »

M. Mathieu fixait sur elle son regard, brillant et froid comme un reflet de cristal. Elle s’appuya à l’une des colonnes de son lit qui jetait des lueurs pâles et bleuâtres sous les plis nuageux des draperies, revêtue qu’elle était du haut en bas de nacre de perle. Sa pose abandonnée et découragée formait un étrange contraste avec sa toilette éblouissante et les richesses qui l’entouraient.

Elle avait cet œil inquiet de la créature aux abois, qu’elle soit bête fauve ou femme. La paupière de M. Mathieu se baissa.

Il n’avait pas pitié pourtant, car son accent glacé se fit entendre de nouveau, disant :

« Je suis ici pour le remplacer, et il faut m’écouter, madame.

— Parlez-moi de lui ! supplia-t-elle.

— Dans cette maison, dit M. Mathieu, au lieu de répondre, vous êtes entourée d’événements qui vont, qui se pressent et vous enveloppent. Tous ceux que vous aimez sont menacés…

— Je n’aime que lui, » balbutia Julie, qui s’affaissa sur l’édredon en tordant ses mains au devant de son visage.

Elle se reprit avec une sorte d’horreur et sanglota :

« Oh ! mes enfants ! mes enfants ! mon Michel qui est son fils ! ma petite Blanche chérie ! »

Ses doigts vibraient, sa voix se déchirait. Pourtant, elle ajouta, étreinte par une passion dont la peinture nous fait peur :

« Je vous en prie, parlez-moi de lui ! »

Le regard métallique de Trois-Pattes glissa entre ses paupières comme un rayon tranchant et rapide. La