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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/366

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Quand elle fut tout près de lui, ses yeux rayonnaient de larmes, et ses lèvres avaient ce sourire des bien-aimées qui enveloppe l’âme comme un céleste embrassement.

« André ! » murmura-t-elle.

Il ne pouvait plus pâlir, mais sa tête s’inclina sur son sein.

Julie étendit ses deux bras et balbutia dans l’ivresse de sa joie :

« André, mon André chéri ! c’est toi ! je sais que c’est toi ! »

Mais ses bras retombèrent tout à coup et la parole s’étouffa dans sa gorge, tandis que ses yeux, élargis par l’épouvante, démesurément s’ouvraient.

La porte qui était derrière l’estropié, sans défense, venait de s’entre-bailler à l’improviste, montrant le visage bouleversé du baron Schwartz.


X

Tête à perruque.


Le baron Schwartz était un homme dans la force de l’âge, énergique et robuste. Les gens de sa sorte commencent ordinairement par être très paisibles : le flegme est une des qualités qu’on apporte de Guebwiller. Mais ce flegme est un outil : on le jette parfois, quand est finie la campagne de travail. Chose singulière, ces prédestinés de la conquête sont doux et patients tant qu’ils sont maigres, aigus, avides ; le sang leur vient avec l’embonpoint, dès qu’ils deviennent beaux joueurs et