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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/380

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mare de Montfaucon, au moment où il allait mettre le feu à la « maison isolée, » où la fille de l’officier avait trouvé un asile.

Noyé par qui ? Vous l’avez peut-être deviné. C’était lui !

Pendant les douze actes, les voisins engagèrent plusieurs fois nos amis à s’asseoir sur Saladin, rendu bruyant par le café ; Similor, honteux, le renia ; mais quelques-uns ayant cru reconnaître en lui l’enfant de carton du prologue, le vent tourna, et le Paradis réconcilié battit des mains avec fureur.

« C’est à moi ! s’écria, pour le coup, Similor. Et mon ami n’en est que le précepteur ! »

Ils sortirent, entourés de la faveur générale, dès que le premier rôle, surnommé le chien de Terre-Neuve parce qu’il sauve toujours quelqu’un, eut mis la main du jeune avocat dans celle de la fille de l’officier en prononçant des paroles abondamment connues.

« L’heure a sonné ! dit Similor, dès qu’ils furent sur le boulevard.

— C’est vrai que c’est l’instant solennel ! » répliqua Échalot.

Ils avaient du talent, ou plutôt ce talent est l’atmosphère même qu’on respire dans notre forêt enchantée. Tout en gagnant la rue d’Enghien, ils firent une petite répétition de leurs rôles. Échalot entra le premier et déposa Saladin dans un bas d’armoire. M. Champion, à la vue de son persécuteur, crut d’abord à une nouvelle exaction ; mais, aux premiers mots d’incendie, il perdit la tête. Ses lignes ! il avait cinq cent vingt-deux numéros dans sa collection ! Il s’élança dans la chambre de Mme Champion et lui dit :

« Une catastrophe nous frappe. Je pars pour la conjurer. Veille jusqu’à mon retour ! »