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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/381

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Et il partit. Le soin de retarder son retour appartenait à l’entreprise.

Céleste, tout habillée pour le bal, cherchait encore le mot de cette énigme, lorsque Similor fit son entrée, semblable au page de Malbrouk. Il fut distingué, adroit, mystérieux et touchant. Maître Léonide Denis, couché sur son lit de douleur, à Versailles, voulait voir encore une fois, avant de rendre l’âme, la femme, la fée, l’ange…

Ah ! comme Céleste trouvait cela naturel !

Céleste jeta une mante sombre sur sa toilette de bal, car, dans ce récit, tout le monde aime l’effet, jusqu’à Céleste elle-même ! Vous pouvez bien vous figurer l’attrait qu’une toilette de bal ajoute à une dernière entrevue. Elle appela le garçon de caisse ; elle lui dit ce qu’elle voulut : excusez-la : entre elle et le notaire, il n’y avait eu que d’antiques soupirs. Le garçon de caisse fut chargé spécialement de veiller jusqu’à la mort.

C’était au tour de Mazagran, la séduisante. Rifflard, infidèle neveu du concierge, fit entrer Mazagran et son complice, M. Ernest, comme il avait introduit déjà Échalot et Similor. Le garçon de caisse était honnête, mais sensible. Un quart d’heure après, le logis de M. Champion était à la garde de M. Ernest. La bergerie appartenait au loup.

Il est superflu d’ajouter que l’entreprise avait fait le nécessaire chez les voisins. Il ne restait personne à l’entre-sol.

Ce fut alors que le joueur d’orgue annonça pour la première fois sa lanterne magique. Il pouvait être une heure après minuit, quand M. Lecoq de la Perrière, obéissant à ce signal, quitta la salle de danse.

Deux autres appels du joueur d’orgue avaient eu lieu depuis lors et une demi-heure s’était écoulée.