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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/384

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tache, parce que cette porte était à l’usage exclusif de M. le baron Schwartz. André Maynotte avait les clefs des deux serrures qu’il ouvrit successivement avec précaution. Aucun bruit ne témoigna qu’on l’eût entendu de l’intérieur.

Il entra, toujours suivi de ses deux compagnons, et les battants étant retombés d’eux-mêmes, tous les trois se trouvèrent plongés dans une obscurité complète.

Je dis complète, car M. Champion nous a appris que les fenêtres de l’entre-sol avaient des fermetures de magasin.

Cette nuit profonde, cependant, ne devait pas durer depuis longtemps : une odeur de bougie éteinte flottait dans l’air et dénonçait la présence d’un être humain.

Pour André Maynotte, du moins, c’était là un signe certain. Il chercha et trouva la main de ses compagnons qu’il pressa en silence, indiquant par un mouvement expressif qu’ils avaient assez marché. Puis il continua d’avancer seul.

La porte du corridor s’ouvrait dans la pièce même, décrite par M. Champion et dans laquelle se trouvait la fameuse caisse à défense, que jamais nous n’avons vue, mais qui joua un rôle si important au début de ce récit ; seulement, cette porte s’ouvrait en dehors de la grille, qui avait été installée autrefois, lors de la naissance d’une compagnie célèbre dont les actions, recherchées avec fougue, réclamèrent cette fortification supplémentaire.

La pièce était très vaste, quoique basse d’étage. Elle servait de chambre à coucher au garçon, séduit par les charmes de Mazagran et dont le lit se dressait chaque soir en travers du coffre-fort. À droite et à gauche étaient situées les chambres de M. et Mme Champion.