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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/392

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Caen… Il savait donc aussi que M. Schwartz avait acheté la caisse Bancelle ?

— Voilà dix-sept ans qu’il me suit comme un sauvage suit la piste d’un ennemi ! gronda Lecoq. La quatrième vis tient donc bien dur, bonhomme ? »

Pour la seconde fois, Trois-Pattes toussa. Il y avait un second aveu, à tout le moins implicite. Lecoq ne protestait point contre ces mots : « La chose vous avait si bien réussi, là-bas à Caen ! »

« Des fois, dit Trois-Pattes, un peu de rouille… J’ai idée que ce coquin-là s’était glissé dans l’association, non pas pour voler, mais pour vous approcher de plus près.

— Sans Fanchette… » commença Lecoq, dont les dents grinçaient.

Il ajouta :

« Dépêche, garçon ! le colonel était le Maître, et le colonel ne voyait que par les yeux de la comtesse Corona.

— Oui, oui. Il a fait sa dernière affaire, le pauvre brave homme, mais ce n’est pas lui qui se serait laissé prendre par la patte ! Quand on s’est servi une fois d’une recette… Vous lâchez la main, patron !

— Je ne t’aurais jamais cru si lourd que cela ! dit Lecoq.

— Tenez bon ! voici la cinquième vis… et dire qu’ils avaient exposé l’objet chez la mère de la jeune Edmée, comme une relique !

— Tu m’impatientes quand tu prononces ce nom-là !

— Juste en face de votre fenêtre ! acheva l’estropié. Tout exprès pour vous tenter ! Vous bougez, et voilà une goutte de votre sueur froide qui me tombe sur le front… Voulez-vous vous reposer un petit peu ? »

Un son argentin vibra dans la nuit. La pendule invisible tintait une demie.