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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/403

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celer la plus robuste incrédulité, possédant des fidèles au faubourg Saint-Germain, ayant pour lui l’hésitation d’un parti, le prestige d’une tradition, le caprice d’un souverain : tout cela doublé d’or, car Lecoq et le baron Schwartz allaient être d’accord pour jouer leur-va-tout sur cette chance féerique ; ce jeune duc, disons-nous, comparse en notre drame à cent personnages, était sur le point de passer grand rôle tout d’un coup et d’avoir, en vérité, sa page dans cet autre drame qu’on feuillette avec respect parce qu’il s’appelle l’histoire…

Seulement, le pied de Curtius avait glissé en remontant de l’abîme où l’on gagne l’auréole ; Curtius n’était pas Curtius ; il avait nom M. Lecoq comme devant ; moins que cela, il avait nom Toulonnais-l’Amitié ; ce n’était qu’un vulgaire coquin, puisqu’il n’avait pas réussi, et la lueur pénétrant dans le bureau montrait son visage noir de sang, tandis qu’il se débattait vainement sous le talon d’André Maynotte, appuyé contre sa gorge.


XIII

La caisse Bancelle.


André Maynotte était debout, tenant à la main le couteau qu’il avait arraché aux doigts crispés de Lecoq. Celui-ci, doué de la vigueur et de l’agilité que nous connaissons, et de plus, armé du long stylet corse, avait dû être terrassé par une puissance physique bien terrible, car il gisait sur le parquet comme une masse inerte. Sa face congestionnée, marbrée de noir et de livide, était effrayante à voir. Ce n’était plus ce faiseur