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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/415

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tracté envers moi quelque dette, quand vous l’aurez sauvée, nous serons quittes. Voulez-vous me servir comme je prétends être servi ? »

Les deux fonctionnaires semblèrent se consulter. Ce n’était pas de l’hésitation, car M. Roland répondit d’une voix ferme :

« Nous le voulons, monsieur Maynotte, quand même chacun de nous devrait, pour cela, briser sa carrière publique et chercher dans la vie privée la complète liberté d’agir. »

André leur rendit grâces d’un regard et reprit :

« C’était pour quitter Paris et la France que M. le baron Schwartz avait opéré cette énorme rentrée de fonds. Le misérable que voici avait réellement démasqué ses batteries, et le baron avait eu à choisir entre son amour et son ambition : sa femme était menacée. Quoi qu’on puisse dire contre lui, le baron Schwartz a du cœur ; je lui ai pardonné tout le mal qu’il m’a fait. Il faut que, dans une heure, M. Schwartz et sa femme soient loin de Paris. Tout était préparé ; le bal servait de couverture à cette fuite ; la chaise de poste attend…

— Mais vous ? » fut-il objecté.

Car, en conscience, ce n’était pas ainsi, peut-être, que le magistrat et l’ancien commissaire de police avaient entendu la fuite de Mme la baronne Schwartz : il y avait là un grand amour partagé, deux époux qui se retrouvaient…

« Moi, je reste, prononça André lentement. On dit que le blasphème de l’athée est toujours une fanfaronnade et un mensonge. Moi qui blasphème votre justice, parce que votre justice a été aveugle et cruelle envers moi, peut-être suis-je comme l’athée. J’ai un fils ; je voudrais lui rendre le nom de mon père. À