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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/417

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À son cri, un cri de sauvage triomphe répondit de l’autre côté de la grille.

Avant qu’André, ému et surpris, pût tenter un mouvement, Lecoq avait roulé sur lui-même avec une agilité de serpent et traversé ainsi toute la largeur de la pièce. Déjà, il se trouvait à l’autre extrémité, debout et tenant à sa main un pistolet à deux coups.

« Oui ! oui ! grinça-t-il ivre de fureur et de triomphe, c’était quelque chose de bon qui était dans mon autre poche ! Oui, oui, je sais où te frapper, bonhomme ! hé ? Je sais où est ton cœur, et avant d’aller en enfer, je vas te payer toute ma dette d’un seul coup… Vois plutôt ! »

Son pistolet s’abaissa, visant Julie au sein, et la détonation éclata terriblement dans cet espace étroit.

Mais une forme humaine, glissant hors du couloir ouvert, plus rapide que la pensée, était au devant de Julie. Ce fut le baron Schwartz qui tomba foudroyé.

André Maynotte et Toulonnais-l’Amitié luttaient déjà corps à corps : un lion et un tigre : bataille furibonde et muette.

Ils roulèrent tous deux jusque auprès de la caisse, contre laquelle la tête d’André porta violemment. Lecoq, léchant l’écume de ses lèvres, parvint à dégager sa main qui tenait le pistolet et l’appuya contre la tempe sanglante d’André, en poussant un sourd rugissement de joie, — les témoins s’élançaient ; ils seraient arrivés trop tard.

Ce fut Dieu qui frappa.

Lecoq était en dedans de la porte ouverte de la caisse, André en dehors.

Au moment où Lecoq pressait la détente, André put saisir la porte et la poussa dans un instinctif et suprême effort.